Orientation : des pas de côté sur nos pratiques ?

Retour à novembre dernier. Le mois qui a vu la sortie d’une étude INJEP sur le rapport des jeunes au travail et où se sont déroulées les 5èmes rencontres régionales Idéo. 

Double occasion de faire un pas de côté sur nos pratiques. 

Idéo : des rencontres pour faire un pas de côté

"Orientation : les publics changent, nos pratiques aussi ?"

C’était le thème des 5èmes rencontres régionales Idéo. Idéo, c’est le réseau breton d’info et d’accompagnement à l’orientation.

Lors de cette journée d’échanges entre professionnels, Agnès Heidet a mené un éclairage en tant que psychologue du travail et spécialiste des transitions professionnelles.

Des questions déjà identifiées

En mars dernier déjà, un webinaire (toujours en replay) mettait le doigt sur plusieurs concepts développés par Agnès Heidet sur cette question. 

Quatre angles d'analyse, plusieurs pistes

Pour mieux comprendre les évolutions des attentes de nos publics et leurs besoins en termes d’orientation, il est important de se pencher sur quatre prismes.

Les évolutions de nos publics

Comment continuer à capter et à accompagner au mieux nos publics au regard de ses évolutions ?

Identifions les principaux changements : 

  • Les incertitudes de notre environnement (un rapport au temps court termiste et la complexité de se projeter dans l’avenir)
  • De la méfiance à tous les étages (la contractualisation doit d’abord être simple, avec un minimum de contraintes tout en laissant une place majeure au pouvoir d’agir) 
  • Un rapport au monde du travail profondément transformé (besoins de liberté, de négocier, de distancier…) : voir aussi l’étude focus de l’INJEP plus bas
  • Et des usages modifiés (grande place de l’immédiateté, de l’éphémère, des images, l’usage est plus important que l’acquisition et la forme plus importante que le fond…)

Des leviers et des pistes

Afin d’appréhender ces évolutions, des pistes peuvent être engagées avec les usagers : 

  • laisser la place à l’imagination de scénarios plutôt qu’à la définition d’un projet  
  • laisser à chacun le soin de choisir et de définir son sens au « travail »
  • intégrer les notions de faisabilité et de désirabilité lors d’un choix d’orientation, 
  • apprécier la dispersion, la logique de petits pas, s’accorder des temps de découverte par « le faire »
  • convenir d’un Droit à l’essai, travailler le décentrage 
  • rendre possible le débat, la pair-aidance, l’auto-formation…
  • désinstitutionnaliser nos lieux d’accueil (favoriser des espaces modulables, sonder l’intérêt d’un espace de confidentialité, rendre possible le nomadisme, l’évènementiel…) 
  • etc. 

Zoom sur le rapport des jeunes au travail : une étude focus

Une étude éclairante afin d'accompagner les jeunes dans leurs réflexions ?

En complément du baromètre DJEPVA 2023 sur la jeunesse, l’INJEP a édité en novembre dernier une étude focus sur les attentes et aux aspirations des jeunes en matière de travail et d’emploi. Ce travail est une amorce à plusieurs travaux de recherche attendus. 

Concrètement, cette étude, résultante d’une enquête nationale, nous éclaire sur plusieurs aspects : 

  • 68% des 15-30 ans se disent attentifs au « niveau de rémunération » pour choisir un emploi, un chiffre équivalent chez les plus âgés (+ 31 ans)
  • autre constante entre les générations : dans les critères pour choisir un emploi, les jeunes priorisent l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle (52% des 15-30 ans) ainsi que l’intérêt et le contenu du travail (46%). A noter que les jeunes femmes y sont plus attentives que les jeunes hommes (57% contre 46%) et que cela s’accentue avec la parentalité (63% contre 48%) 
  • 74% des jeunes interrogés souhaiteraient idéalement télétravailler (c’est le cas à 69% pour les personnes plus âgées)
  • 56% des jeunes expriment leur préférence pour un emploi qui leur offre des opportunités de voyage par rapport à un métier plus sédentaire
  • 85% des 15-30 ans pensent qu’ils auront une réussite professionnelle au moins équivalente à celle de leurs parents 

A noter qu’en terme de projection dans leur avenir professionnel : 

  • Dans l’idéal, 37% aimeraient être indépendants ou à leur compte plutôt que salariés
  • Un jeune sur trois pense que son métier va disparaître d’ici la fin de sa carrière
  • Presqu’un jeune sur deux pense connaître des périodes sans emploi au cours de leur vie

Quelques données de l’étude INJEP issue du baromètre DJEPVA 2023